[SÉRIE] Santé au travail – le guide complet pour améliorer la santé physique et mentale de vos collaborateurs

Conseils

La santé au travail est une thématique centrale dans l’entreprise d’aujourd’hui. Il ne s’agit pas seulement d’une obligation juridique, mais aussi d’un engagement moral. Un employeur responsable va ainsi au-delà des textes réglementaires pour garantir la santé physique et mentale de ses salariés. Découvrez dans ce guide, appartenant à notre série “Au travail”, des conseils à appliquer pour mener une prévention des risques efficaces.

État des lieux de la santé au travail en Europe

Pourquoi la santé au travail est-elle une des préoccupations majeures de l’Union européenne ? Alors que la législation européenne a déjà amélioré la protection des près de 170 millions de travailleurs que compte l’UE1, certains risques professionnels sont toujours présents et d’autres s’accentuent au gré des évolutions du monde du travail.

Les accidents du travail

Le terme « accident du travail » désigne un événement soudain survenu pendant l’exercice professionnel et ayant causé un préjudice physique ou psychologique. Selon Eurostat2, 3 355 travailleurs européens ont perdu la vie à la suite d’un accident de travail en 2020. 2,7 millions d’accidents non mortels ont entraîné au moins quatre jours d’arrêt de travail.

Les maladies professionnelles

Une maladie professionnelle correspond à un trouble apparu suite à une exposition plus ou moins prolongée à un risque professionnel. Les principales maladies professionnelles en Europe sont les suivantes :

· Les troubles musculo-squelettiques (TMS) ;

· Les maladies respiratoires ;

· Les troubles cardiaques ;

· Les cancers ;

· Les maladies de la peau ;

· Les troubles auditifs ;

· Les affections oculaires ;

· Les troubles psychosociaux.

Parmi ces troubles, les TMS coûtent des milliards d’euros aux employeurs européens. D’après une publication de l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail3, 60 % des travailleurs européens déclarent souffrir de TMS d’origine professionnelle. Or, ces troubles entraînent des arrêts de travail plus ou moins longs, voire une incapacité de travail permanente dans les cas les plus graves.

Également appelés risques psychosociaux (RPS), les risques pour la santé mentale sont un problème majeur en Europe. Ils peuvent être liés aux conditions de travail, à l’organisation du temps de travail, à la nature du poste occupé et aux relations internes ou externes à l’entreprise.

Une enquête Eurofound sur la santé mentale4 a étudié les effets de la pandémie sur les travailleurs européens. Il apparaît que la crise Covid a profondément affecté leur santé mentale. Un tiers des travailleurs déclarent ainsi souffrir d’anxiété.

 Les acteurs de la santé au travail

La santé au travail est l’affaire de tous. Employeur, managers et salariés ont chacun un rôle clé à jouer pour assurer un environnement de travail sain et sûr.

Les obligations de l’employeur

La Directive européenne 89/391/CEE5 sur la santé et la sécurité au travail établit l’obligation pour l’employeur de préserver la santé et la sécurité de ses salariés. Il doit veiller à ce que les conditions de travail soient adaptées aux travailleurs. Il est tenu d’évaluer les risques professionnels et de prendre les mesures de prévention nécessaires.

Cette directive mentionne que l’employeur a la responsabilité de fournir une formation suffisante à ses salariés afin de garantir le plus haut niveau de protection. La politique de prévention implique de consulter les représentants des travailleurs sur les questions liées à la santé au travail. L’employeur doit aussi se tenir informé « des progrès techniques et des connaissances scientifiques en matière de conception des postes de travail ».

Le rôle des managers

Le respect des obligations liées à la santé au travail est un enjeu quotidien. Les services Ressources Humaines et les managers sont en première ligne dans la préservation de la santé physique et mentale des salariés. Ils veillent à ce que les objectifs de productivité ne nuisent pas à la santé physique et mentale des employés. Ils créent un environnement de travail propice au bien-être des collaborateurs.

Les managers de terrain jouent un rôle central dans la mise en place d’actions pour la santé. Leur proximité avec les équipes leur permet de mieux comprendre les besoins tant physiologiques que psychologiques des salariés. Ils peuvent améliorer l’organisation des horaires, investir dans du matériel ergonomique afin de prévenir les risques professionnels ou encore les sensibiliser aux mesures d’hygiène au travail.

La responsabilité individuelle de chaque salarié

Le succès d’une politique de prévention dépend de la pleine implication des collaborateurs. Chaque salarié a la responsabilité de prendre soin de sa santé en :

· Participant aux formations autour de la santé organisées au sein de son entreprise ;

· Veillant à maintenir une bonne hygiène de vie (sommeil, activité physique, alimentation, etc.) ;

· Adoptant des gestes et postures adaptés ;

· Suivant les procédures en place dans l’entreprise ;

· Signalant toute situation à risque à son supérieur hiérarchique.

Les salariés ont également une responsabilité envers leurs collègues en matière de santé au travail. En agissant au quotidien de manière responsable, ils réduisent le risque d’accidents de travail.

Prévention et santé au travail

Déjà évoquée plus haut, la Directive européenne 89/391/CEE5 encourage une culture de prévention des risques en entreprise. Les quatre grandes étapes du plan de prévention sont détaillées ci-dessous.

1. Analyser les risques professionnels

L’évaluation des risques professionnels est une obligation de l’employeur. Elle doit être réalisée par une personne compétente, soit en interne soit par un organisme extérieur, tel qu’un service de médecine du travail. La participation des salariés ou de leurs représentants est essentielle à la réussite de cette démarche. Une trace écrite doit être conservée.

L’évaluation des risques vise deux objectifs : éliminer les risques et adapter l’environnement de travail aux travailleurs. Ce processus suit quatre étapes :

· Recueil des informations ;

· Identification des facteurs de risque pour la santé des salariés ;

· Classement des risques par ordre de priorité ;

· Élaboration d’un plan d’action pour réduire ces risques.

Une vigilance particulière doit être apportée aux besoins des travailleurs vulnérables ainsi qu’aux personnes présentes ponctuellement dans les locaux.

2. Informer et former les salariés

L’employeur a l’obligation de mettre en place des actions de formation et d’information aux risques professionnels. Les managers et leurs équipes doivent être capables de détecter les risques et d’adopter un comportement adapté afin de les prévenir. Voici quelques exemples de thématiques pouvant être abordées en formation :

· Gestes et postures adaptés ;

· Risques liés à la circulation en interne ;

· Travail sur écran et santé ;

· Sécurité machines et équipements ;

· Formation aux gestes qui sauvent ;

· Prévention des risques chimiques ;

· Gestion des conflits ;

· Hygiène des mains et santé au travail.

L’objectif de ces formations est de responsabiliser chaque acteur de l’entreprise aux risques spécifiques de son environnement de travail.

3. Améliorer l’ergonomie au travail

L’ergonomie consiste à adapter l’environnement de travail aux besoins de l’utilisateur. L’IEA (International Ergonomics Association) identifie trois dimensions de l’ergonomie, essentielles à la santé au travail :

· Physique (posture, gestes répétitifs, manutention de charges, etc.) ;

· Cognitive (mémoire, perception, charge mentale, stress, etc.) ;

· Organisationnelle (organisation du télétravail, gestion des ressources, etc.).

La dimension physique de l’ergonomie est l’un des premiers leviers à actionner afin de prévenir les maladies professionnelles. Quatre des principaux facteurs de risque peuvent être réduits en investissant dans du matériel ergonomique :

· La position assise prolongée (sièges ergonomiques et bureaux assis-debout) ;

· La position debout statique (tapis anti-fatigue) ;

· Les mouvements répétitifs (souris ergonomiques) ;

· La manutention de charges (chariots de manutention).

La configuration de l’espace de travail contribue à améliorer l’ergonomie cognitive. Quatre axes peuvent être analysés afin d’améliorer la qualité de vie au travail :

· Une luminosité de qualité : privilégier un éclairage respectant le cycle circadien ;

· Une température agréable : maintenir une température compatible avec l’exercice professionnel grâce au chauffage ou à la climatisation ;

· Un environnement sonore sain : aménager les locaux avec du mobilier acoustique ;

· Une ambiance visuelle relaxante : décorer l’espace avec des plantes faciles d’entretien.

Cette liste de pistes d’action n’est pas exhaustive. Il s’agit toutefois de solutions simples à mettre en œuvre pour améliorer la santé au travail.

4. Évaluer l’efficacité des mesures prises

Les risques professionnels doivent être réévalués après la mise en œuvre des mesures de prévention. Une réflexion en équipe peut être menée autour de questions telles que :

· Quelles solutions ont été efficaces pour réduire la pénibilité au travail ?

· Les mesures prises ont-elles eu un impact sur le taux d’arrêts maladie et d’accidents du travail ?

· Le niveau de stress des salariés a-t-il diminué ?

· Qu’est-ce qui a freiné la mise en place de certains dispositifs ?

· De nouvelles problématiques sont-elles apparues ?

L’amélioration de la santé au travail est un processus continu. Une crise mondiale, un accroissement d’activité, une nouvelle machine, de nouvelles limites physiques d’un collaborateur sont autant de circonstances nécessitant une réévaluation des mesures de prévention.

Santé mentale au travail : un enjeu prioritaire des entreprises

La prise en compte des risques psychosociaux est un sujet important en entreprise. Un salarié heureux est moins malade, plus productif et plus créatif. Un salarié anxieux est plus souvent malade, moins productif et moins créatif.

Le stress au travail, une préoccupation majeure en Europe

Le stress au travail naît quand un travailleur ne se sent pas capable de répondre aux attentes liées à son poste. Selon une enquête de la Commission européenne1, en 2014 déjà, 80 % des cadres européens déclaraient être préoccupés par le stress lié au travail. Or, depuis la pandémie de Covid-19, de nouvelles études montrent que le nombre d’employés souffrant de stress continue d’augmenter.

Une période de stress qui dure dans le temps nuit à la qualité de travail des salariés. Sous tension, ils sont moins concentrés, moins vigilants. Le stress augmente le risque d’accident du travail et génère des conflits entre les individus. Une personne stressée a également tendance à développer des schémas de pensée négatifs. Un stress intense peut même pousser à la consommation de stupéfiants ou à l’alcoolisme, voire au suicide dans certains cas.

Sur le plan physique, une personne tendue présente un risque beaucoup plus important de développer des TMS. Le stress au travail augmente aussi de 40 % le risque de développer une maladie artérielle6.

Les principaux facteurs de risques psychosociaux au travail

Les sources de risques psychosociaux (RPS) peuvent être directes ou plus insidieuses. La prévention passe par la capacité de l’employeur à identifier les facteurs de risque dans son entreprise. Plusieurs situations favorisent le développement des RPS :

· Une charge de travail excessive ;

· Une activité qui empiète sur la vie privée ;

· Un manque de soutien des managers ;

· Le sentiment de ne pas atteindre les objectifs ;

· Des directives contradictoires ;

· Une situation de harcèlement moral et/ou sexuel ;

· Un conflit exacerbé entre collègues ;

· Des pressions extérieures à l’entreprise ;

· La précarité de l’emploi.

Les salariés cherchent souvent à cacher leur stress et, ce faisant, s’épuisent sur le plan mental et physique. C’est pourquoi il est capital de mener une politique de prévention des risques pour la santé des travailleurs avant l’apparition de troubles mentaux ou physiques.

La formation aux questions liées à la santé mentale

Former les collaborateurs aux risques psychosociaux est une mesure proactive efficace. Ces programmes ont pour objectif d’aider les participants à :

· Identifier les signes avant-coureurs d’un problème de santé mentale ;

· Adopter des comportements favorables à une bonne qualité de vie au travail ;

· Gérer les situations professionnelles stressantes ;

· Réduire la stigmatisation associée aux problèmes de santé mentale ;

· Encourager chaque membre de l’entreprise à demander de l’aide en cas de besoin.

La formation des cadres aux problèmes de santé mentale est également indispensable. Cela vise à leur donner les clés pour créer un environnement propice au bien-être mental de leurs équipes. Même si les managers n’ont pas un rôle de thérapeute, il est important qu’il sache identifier les signaux d’alerte évoquant une souffrance psychologique, tels que :

· La perte de motivation et le désinvestissement ;

· Une fatigue excessive ;

· Une baisse de la productivité et des performances ;

· L’absentéisme ou, au contraire, le cumul d’heures supplémentaires ;

· Des signes physiques (plaintes de maux de têtes, de problèmes digestifs, etc.) ;

· Des symptômes émotionnels (anxiété, irritabilité) ;

· Une tendance à s’isoler.

Les bonnes pratiques de management pour prévenir les risques psychosociaux

Les cadres doivent développer des compétences communicationnelles et relationnelles pour un meilleur accompagnement de leurs collaborateurs en matière de souffrance psychologique. En créant un climat de confiance et en offrant une écoute empathique, ils seront à même de comprendre les sources de stress et de proposer des solutions adaptées.

L’amélioration de l’environnement professionnel passe aussi par une politique d’inclusion favorisant la diversité au travail. Les collaborateurs se sentent acceptés et valorisés, ce qui participe au maintien d’une bonne santé mentale au travail. La conjugaison des différences de chacun contribue à faire progresser l’entreprise.

Le tabou du stress au travail : décomplexer les travailleurs

La santé mentale au travail a longtemps été un sujet tabou. Selon une récente enquête7 de l’Union européenne, 59 % des travailleurs disent être plus à l’aise pour en parler à leur manager depuis la pandémie de Covid-19. Pourtant, la moitié des salariés interrogés craignent que se confier sur leur état psychologique nuise à leur carrière.

Les travailleurs ont besoin de se sentir soutenus par leur employeur. C’est pourquoi de nombreuses entreprises ont choisi de mener des actions préventives pour encourager les salariés à s’exprimer :

· Campagnes de sensibilisation sur le stress lié au travail ;

· Information et formation sur le bien-être et le stress au travail ;

· Accès à des conseils ou à un soutien psychologique ;

· Consultation des salariés sur les aspects stressants de leur activité.

L’ensemble des actions préventives énumérées dans ce guide contribuent à améliorer la qualité de vie au travail (QVT). En plaçant l’humain au centre des décisions managériales, le stress et les tensions physiques diminuent au profit de la productivité et de l’épanouissement professionnel des collaborateurs.

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