Le travail en hauteur, une réglementation stricte

Réglementation

Pour évoquer les enjeux et obligation réglementaire du travail en hauteur, Manutan  a réuni 3 experts. Éric Marrou et Stéphane Law-Tive de la société Delta Plus, spécialisée dans la conception et la fabrication d’EPI et Olivier Golebiewski, responsable du service documentation et veille règlementaire chez Manutan.

500 000 chutes par an en Europe, 40 000 entraînant une incapacité et près d’un millier de morts. L’Europe a souhaité renforcer la réglementation sur le travail en hauteur. L’enjeu est de taille…

S. Law-Tive : « En effet, et il y a même un double enjeu. Dans un premier temps la gestion du danger, en essayant de contrôler les risques encourus. Et puis, un enjeu économique car ces accidents nous coûtent très chers. Et c’est en ça que les EPI sont des moyens qui nous permettent une meilleur gestion des risques ».

E. Marrou : « Nous fabriquons d’ailleurs tous nos produits antichute qui demandent un suivi qualité exigeant car il y a un risque mortel. C’est pourquoi notre mission est de sensibiliser les utilisateurs finaux en lien direct avec nos distributeurs partenaires comme Manutan.».

O. Golebiewski : «Le travail en hauteur a été parmi les premiers secteurs harmonisés par l’Europe. Ce n’est pas un hasard, le danger de la chute ne connait pas de frontières. C’est pourquoi la législation européenne se doit-être la même.».

Est-ce que les normes exigeantes pour les EPI compliquent la manière de travailler ?

O. Golebiewski : « Au contraire, les normes servent à diminuer les risques en assurant la qualité des EPI d’une manière générale et des produits antichute en particulier. Et c’est en s’appuyant sur nos partenaires comme Delta Plus que nous essayons de « vulgariser » ces normes et leurs applications ».

S. Law-Tive : « Nous partons du principe que nous devons garantir la sécurité des utilisateurs avec nos produits qui doivent répondre aux exigences des normes. Ensuite, nous pouvons travailler sur d’autres aspects comme le confort ou l’esthétisme ».

E. Marrou : « Il y a un gros effort de la part des fabricants pour essayer de démocratiser le port de l’EPI. Cela nous pousse à innover pour donner envie de porter un EPI ».

O. Golebiewski : « L’Europe fixe un cadre et les normes apportent une réponse. L’élaboration et l’évolution des normes se font bien sûr avec la participation des fabricants. Il s’agit de trouver un compromis entre utilisateurs, fabricants et législateurs avec pour objectif de proposer le produit le plus fiable possible.»

Afin de protéger le travailleur en hauteur contre les risques de chute, il est nécessaire de combiner au minimum 3 éléments :

Un système de préhension du corps (harnais)

Un système d’arrêt des chutes

Une interface/ancrage à la structure

Justement, est-ce que Delta Plus participe aux comités normatifs ?

E. Marrou : « Bien sûr ! Nous sommes un acteur majeur du marché de la protection et en tant que fabricant et membre du Synamap, nous participons aux échanges sur les évolutions possibles des normes ».

S. Law-Tive : « Nous partons de problématiques terrains et développons des solutions qui doivent répondre aux exigences de sécurité liées à la Directive Européenne. Les problèmes évoluent, les normes aussi.».

La formation est obligatoire pour bien utiliser les produits antichute et la sensibilisation reste essentielle…

O. Golebiewski : « Une question revient souvent : faut-il automatiser ou responsabiliser ? Automatiser sera en apparence plus simple, mais il me semble important à ce jour de faire évoluer les habitudes en responsabilisant chaque personne qui travaille en hauteur en utilisant un harnais. Il faut prévoir, prévenir et former pour minimiser les risques ».

S. Law-Tive : « La formation est obligatoire (Directive Utilisateurs) pour garantir l’utilisateur correct de cet EPI de catégorie 3. Elle permet de rassurer à la fois les chefs d’entreprise et ses collaborateurs. »

Est-ce que le prix des EPI peut être un frein à son utilisation ?

S. Law-Tive : « Parfois, la première réflexion du chef d’entreprise est : ça coûte cher ! Mais cher par rapport à quoi ? Lorsqu’une entreprise ou un utilisateur connait son premier accident, ils changent d’avis. L’EPI protège en amont l’humain. ».

O. Golebiewski : « Face aux risques mortels d’une chute, le prix d’un équipement dEPI apparait comme un argument dérisoire. La sécurité doit-être la priorité quand il s’agit de vies humaines. »

Autre aspect essentiel dans la protection des chutes et la vérification des EPI.

S. Law-Tive : « La vérification des EPI c’est l’équivalent du contrôle technique de la voiture. Elle est obligatoire tous les ans et l’utilisateur doit réaliser ou faire réaliser un contrôle visuel 12 mois minimum après sa première utilisation. »

O. Golebiewski : « C’est du bon sens ! Si je fais du ski, je m’assure d’être bien protégé et je vérifie leur état de fonctionnement avant de me lancer ! »

E. Marrou : « On oublie parfois que certains gestes anodins peuvent altérer la qualité d’un EPI. Par exemple, écrire à l’encre sur un harnais peut avoir un effet néfaste sur la sangle… »

S. Law-Tive : « C’est la même chose pour les UV qui peuvent altérer la qualité d’un harnais ».

Conclusion :

En s’associant avec Delta Plus, Manutan renforce son expertise dans le domaine de l’antichute. Informer et protéger l’utilisateur reste l’une des priorités de cette collaboration et c’est ce que nous tentons de mettre en avant au travers de ce numéro de Manutan Connect.

Zoom sur le Synamap

Créé en 1961, le Synamap rassemble les entreprises qui sont en lien direct avec le marché de la prévention et de la protection de l’Homme au travail. En sont membres les fabricants, distributeurs, installateurs et formateurs. Compte tenu de sa position sur le marché, il est devenu au fil des années un partenaire de choix des pouvoirs publics, aussi bien à l’échelon national qu’européen. Le Synamap participe notamment au Comité Européen de normalisation et veille au respect de la réglementation.

Éric Marrou : Directeur Commercial Delta Plus France.

Stéphane Law-Tive : European market Fall Arrest Expert chez Delta Plus France.

Delta Plus est une société française implantée à Apt dans le Vaucluse depuis 1977. Spécialisée dans les équipements de protection individuelle, son chiffre d’affaires est de 163 millions d’Euros.  Le groupe compte 3000 employés.

Olivier Golebiewski
Responsable du Service Documentation et Veille réglementaire chez Manutan.
Il est chargé avec son équipe de vérifier la conformité des produits proposés par Manutan à ses clients.

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