Qu’est-ce que le travail en horaires décalés ?
Le travail en horaires décalés est une réalité qui concerne des millions de personnes à travers le monde, travaillant en horaires irréguliers ou cycliques pour maintenir la productivité et les services essentiels. Ces horaires atypiques peuvent concerner :
- Le travail tôt le matin :
- Le travail le soir ;
- Le travail de nuit ;
- Le travail le week-end ;
- Le travail « flexible », qui suit des amplitudes horaires variables (temps partiel ou en horaires longs) ;
- La travail interrompu par des coupures de plusieurs heures ;
- Le travail soumis aux astreintes…
Malgré ces variations, il est crucial de garantir des jours de repos suffisants pour préserver la santé et le bien-être des employés.
Les avantages du travail en horaires décalés
Une organisation flexible des rythmes de travail peut notamment constituer un atout pour la productivité de vos équipes. Cela permet en effet de s’adapter au rythme circadien, c’est-à-dire à l’horloge biologique de chacun : certains collaborateurs sont plus efficaces le matin, d’autres en fin d’après-midi, d’autres enfin sont de véritables oiseaux de nuit. La population générale compterait ainsi 25 % de lève-tôt et 25 % de couche-tard. Les 50 % restants n’auraient pas de préférence particulière.
Sur le long terme, le fait de ne pas respecter son horloge interne peut avoir des effets néfastes sur la santé. Travailler aux mauvais horaires peut notamment provoquer du stress, de l’anxiété et de la fatigue. À l’inverse, en plus de répondre aux rythmes naturels du corps, travailler aux horaires où on est le plus performant renforce l’estime de soi et la satisfaction que l’on retire d’un travail bien fait. Parce qu’on est plus productif, il devient aussi possible de libérer plus facilement du temps pour faire du sport ou s’adonner à ses activités familiales et extra-professionnelles. En un mot, le travail en horaires flexibles participe clairement à la qualité de vie au travail.
Autre avantage, travailler en horaires décalés évite souvent de devoir circuler aux heures de pointe, permettant ainsi de perdre moins de temps dans les transports et, finalement, d’être en souvent en meilleure forme et plus productif. De plus, dans le cadre de la surproduction et du Lean Management, le travail en horaires décalés accompagnent une utilisation optimale des ressources et des équipements, ce qui peut être bénéfique pour l’entreprise tout en préservant le bien-être et la sécurité des employés.
Un aménagement du temps de travail à manier avec prudence
Malgré ces avantages, le travail en horaires décalés doit s’accompagner d’un minimum de précaution pour ne pas nuire à la santé et à la productivité des employés. Pour éviter de créer un effet contraire à celui attendu, des mesures de prévention s’imposent, notamment en ce qui concerne l’organisation du travail, la gestion du sommeil et de l’alimentation.
En premier lieu, qu’il s’organise le matin, le soir, en 2X8 ou la nuit, le travail en horaires décalés doit impérativement être adapté au rythme circadien du collaborateur. A défaut de cela, le risque est d’entraîner une désynchronisation de l’horloge interne, susceptible de générer des perturbations hormonales et métaboliques. Celles-ci peuvent avoir des effets délétères sur le cycle veille/sommeil, l’alimentation et l’état de forme général.
En un mot, s’il n’est pas adapté aux besoins biologiques de chacun, le travail en horaires décalés peut provoquer des troubles du sommeil, générant un état de fatigue chronique, lequel peut favoriser une prise de poids (voire un risque d’obésité), liée à un ralentissement du métabolisme et une consommation accrue de gras et de sucre, mais aussi à la diminution des activités sportives. Travailler en horaires décalés peut également entraîner des maladies cardiovasculaires ou du diabète.
Quant aux conséquences sociales du travail en horaires décalés, elles ne doivent pas être sous-estimées. En effet, aux répercutions physiques s’ajoute le risque de créer un décalage social avec la famille, son cercle amical et bien sûr son entourage professionnel. Travailler à des heures non conventionnelles peut isoler les employés, ce qui peut mener à des tensions et à un sentiment de solitude. L’équilibre vie privée – vie professionnelle serait alors totalement rompu. Il est important que les entreprises prennent en compte ces impacts sociaux pour aider leurs collaborateurs à maintenir cet équilibre salutaire, essentiel pour leur bien-être général.
Pour aider les équipes à s’adapter au travail en horaires décalés, outre la tenue de formations dédiées, les organisations peuvent également mettre en place une politique d’affichage au sein de leurs locaux dans un but informationnel : les bonnes pratiques à suivre, les points de vigilance, les personnes à contacter…
Travail en horaires décalés : les précautions à prendre
Pour éviter que le travail en horaires décalés n’entraîne des accidents du travail et ne représente un risque pour la santé et la sécurité des équipes, il importe en premier lieu d’associer à la réflexion l’ensemble des collaborateurs concernés.
Susciter l’adhésion est le premier facteur de succès d’un tel dispositif. La mise en place des horaires flexibles doit reposer sur le volontariat. Après tout, les employés sont certainement les mieux placés pour connaître leur rythme biologique et savoir s’ils sont plus « du matin » ou « du soir ». Ils sont aussi les plus à même d’identifier les horaires de travail qui s’articulent le mieux avec leur situation personnelle pour créer les conditions d’un meilleur équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée.
Un collaborateur est généralement membre d’une équipe. Même s’ils sont flexibles, ses horaires de travail doivent donc s’articuler en cohérence avec les enjeux du travail d’équipe. Ils ne doivent pas entraîner de surcharge de travail pour lui-même et les autres membres de son équipe, et ne pas nuire non plus à la qualité du résultat final et au respect des échéances.
[Encadré] Témoignage de Stéphane, manager dans une entreprise qui pratique le travail en horaires décalés :
« Toutes les équipes ont été concertées et impliquées. Elles ont participé à la conduite du projet en proposant des solutions et en prenant part aux prises de décision que cela impliquait. Un des changements majeurs se trouvait dans l’adoption de nouveaux horaires de travail afin de lisser la productivité et de mieux répartir l’effort. Les équipes ont d’abord proposé de nouveaux créneaux. C’est ensuite sur leur initiative que le choix des horaires a été réparti en fonction des disponibilités de chacun. »
Le travail en horaires décalés inclut l’adaptation des postes de travail pour améliorer l’ergonomie et réduire la fatigue. Des solutions comme des sièges ergonomiques, des bureaux assis-debout, un éclairage adéquat et des pauses régulières peuvent faire une grande différence. Encourager des habitudes de vie saines, telles qu’une alimentation équilibrée et une activité physique régulière, peut également contribuer à améliorer la santé des employés.
L’aménagement des locaux passe aussi par l’équipement des espaces extérieurs et l’installation d’une signalétique de nuit, notamment au niveau des accès au bâtiment et du parking, le cas échéant.
Dernier conseil, sachez que le travail en horaires décalés expose à une dette de sommeil. Qu’on soit lève-tôt ou couche-tard, travailler tôt ou tard réduit la durée et la qualité du sommeil. Dans tous les cas, il faut veiller à préserver un minimum de 7 heures de sommeil par 24 heures. Enfin, le travail en horaires décalés ne doit pas se traduire par la flexibilité des heures de repas. Au contraire, dans tous les cas, il est très important de conserver un rythme de 3 repas par 24 heures.