Depuis sa naissance après-guerre au modèle que l’on connaît aujourd’hui, l’entrepôt a vécu en quelques décennies une formidable mutation. Faisons un saut dans le temps pour observer comment ces espaces de stockage sont devenus ces concentrés d’intelligence et de technologie que nous connaissons aujourd’hui, éléments concurrentiels et stratégiques décisifs pour les entreprises.
Il était une fois, les magasins généraux
L’histoire de l’entrepôt démarre comme celle d’un acteur discret dans les coulisses du commerce. Dans les années 1950, on les nomme « magasins généraux ». Ce sont de petites structures souvent mal éclairées dans lesquelles travaillent des magasiniers polyvalents qui entreposent des produits de manière plus ou moins aléatoire, dont les plus célèbres sont les magasins Félix Potin ou la Compagnie des entrepôts et magasins généraux de Paris.
Après-guerre, il faut tout reconstruire, le pays connaît une forte croissance et la population éprouve un vif désir de consommer. L’objectif est, à cette époque, de mieux s’organiser pour mieux servir les clients. La généralisation de la palette bois norme Europe[1] en 1960 crée la rupture ! C’est l’un des premiers tournants dans la conception du stockage à l’intérieur des bâtiments ; palletiers et chariots élévateurs l’accompagnent.
Les années 1970 sont marquées par une consommation intense sur fond de crise économique, un climat qui rend les clients de plus en plus exigeants. En cette période tumultueuse, tous les acteurs de la logistique (industriels de l’automobile, distributeurs, grande distribution…) sont contraints de repenser leurs schémas de distribution, poussés par la concurrence et une nécessaire gestion des coûts.
Dans le même temps, la physionomie des entrepôts évolue en prenant de la hauteur… et des étages ! Les chariots électriques font leur entrée pour transporter, charger, décharger les palettes et les premières règles d’affectation de palettes en fonction des espaces disponibles sont mises en place.
Grande distribution et WMS : le grand tournant des années 1980
C’est la grande distribution qui bouleverse la logistique des années 1980 ! Dans un contexte de concurrence acharnée et de maîtrise des coûts de distribution, on prend conscience que la logistique joue un rôle prépondérant dans la santé économique de l’entreprise : elle améliore les marges et peut même faire gagner de l’argent !
La logistique opérée jusque là de façon quasi artisanale devient « rationalisation des opérations », grâce à l’émergence des premiers outils informatiques, ancêtres de nos WMS. Durant cette décennie, les codes-barres sont officiellement adoptés en Europe. Cocorico ! L’Euromarché d’Evry est équipé de scanners de codes-barres. C’est une première mondiale.Mais si le progrès est bel et bien en marche, les temps de livraisons restent longs ! C’est La Redoute, pionnière en matière de logistique, qui crée la révolution en garantissant la livraison en « 48 h chrono » en 1984, puis en « 24 h chrono » en 1994.
L’entrepôt XXL à l’ère du multicanal
Les années 1990 sont les années XXL ! Plus grands, plus hauts, les bâtiments logistiques atteignent des surfaces de 30 000 m2 et gagnent encore en hauteur, passant de 3 à 5 niveaux. Les stocks se densifient et les flux s’accélèrent. C’est l’effet grande conso ! Ce sont d’ailleurs les entrepôts de produits frais qui tirent le secteur vers une rotation plus rapide des produits.
L’optimisation de l’entrepôt devient un enjeu stratégique et financier primordial. Les industriels et les distributeurs choisissent de plus en plus de sous-traiter leur stockage en faisant appel à des plateformes de proximité. L’avantage ? Supprimer le stockage sur le point de vente tout en augmentant le taux de service et en diminuant le risque de rupture.
Vers la fin des années 1990, la logistique voit arriver un nouvel acteur : internet et son bras armé, le e-commerce ! Il faut alors parvenir à gérer la préparation des commandes en magasin mais aussi celles générées par le commerce en ligne. Encore une fois, c’est la Vente Par Correspondance et ses géants de l’époque, La Redoute et Les 3 Suisses, qui sont précurseurs de cette transition. Grâce à des investissements colossaux que seules ces entreprises peuvent supporter, l’entrepôt se munit de trieurs automatisés qui facilitent la préparation de commandes.
Années 2000 : la tech et la grande distribution donnent le ton
Le 21è siècle marque l’avènement de l’entrepôt 4 .0 ! Le développement des nouvelles technologies, comme la robotisation de la préparation de commandes, répond à l’augmentation exponentielle des volumes de marchandises manipulées ainsi qu’aux problématiques liées à la pénibilité. Les systèmes pick-to-light, voice-picking et véhicules à guidage automatique sont autant de solutions technologiques qui font leur apparition dans l’entrepôt.
Parallèlement, un grand mouvement d’externalisation de prestataires logistiques se déploie pour satisfaire les besoins de la grande distribution. Émergent alors en périphérie des villes de vastes parcs de plateformes logistiques, au détriment des petits entrepôts régionaux.
Les entrepôts augmentent encore leurs volumes et des contraintes réglementaires voient le jour, pour responsabiliser les entreprises vis-à-vis de la santé et de la sécurité des collaborateurs. Il faut créer des murs coupe-feu, des cellules de 6 000 m2 maximum, etc.
Les entrepôts sont de plus en plus mécanisés, robotisés, avec pour objectif constant l’optimisation de l’espace, des tâches et du temps. Sur des sites pilotes, des drones dressent l’inventaire tandis que des technologies hybrides comme les exosquelettes font leur apparition pour soulager les opérateurs.
Aujourd’hui, les entrepôts intègrent également systématiquement une forte dimension environnementale notamment grâce aux certifications HQE, Bream ou Lead des bâtiments.
Demain, le boom des livraisons urbaines né des promesses de « same-day-delivery » du e-commerce devrait encore transformer cet espace de stockage en constante évolution. Qui sait si nous ne verrons pas renaître des petits entrepôts urbains de proximité ? « Smart, small, speed » seront peut-être les qualificatifs de l’entrepôt de demain.
Retrouvez nos conseils et sélections pour optimiser votre entrepôt :
[1] La palette Europe EPAL est un outil incontournable dans le secteur de la logistique : il s’agit de la palette échangeable la plus répandue à travers le monde, et surtout en Europe. Entre 450 et 500 millions d’unités sont actuellement en circulation.